dimanche 13 décembre 2009

Un Acte Citoyen ?





Comment vivre à Mayotte tout en respectant la loi française ?

Très facile pour certains, il suffit de vivre ici comme on vivrait en métropole. Chacun chez soi, en réalisant une abstraction intellectuel des 30% d'habitants qui sont clandestins (Anjouanais, Comoriens et Mohéliens) mais partagent le sol mahorais.

J'essaie mais c'est quand même difficile.

Je ne peux plus acheter de fruits ou de légumes sur les marchés improvisés en bordure de route nationale...sauf à aller à Mamoudzou au supermarché.
je ne peux plus faire bricoler ma voiture à domicile et dans la journée...sauf à attendre 3 jours que la dépanneuse d'un garage vienne la chercher et me la rende à peine réparée une semaine plus tard.
Je ne serais certainement même pas à Mayotte si on ne scolarisait pas tous les enfants sans distinction de nationalité.(10 à 20 % d'enfants comoriens dans les établissements scolaires)

A domicile ou dans la rue, les clandestins travaillent. C'est pour cela qu'ils sont à Mayotte: pour travailler et gagner des euros qu'ils renvoient massivement à leurs familles aux Comores.
Tous les entrepreneurs de Mayotte le savent très bien, dans tous les domaines: BTP, Agriculture et Service...la main d'œuvre comorienne est indispensable !
On peut donc pas les renvoyer chez eux sans affecter l'économie locale.

Mais les Comoriens traversent aussi pour venir se faire soigner lorsque leur pathologie dépasse les moyens disponibles dans les hôpitaux de Mtsamoudou ou de Moroni. C'est donc pour des problèmes de santé graves.

Si ils sont patients ou chanceux, ils peuvent espérer traverser en avion avec un visa officiel délivré par l'ambassade de France à Moroni. Il faut, je crois, disposer d'un compte en banque et de la déclaration d'un hébergement en France, à Mayotte. Peu réunissent toutes les conditions....et ne peuvent pas attendre que leur état de santé continue à se dégrader.

L'autre solution est de traverser sur une barque entre Anjouan et Mayotte de façon clandestine. C'est la grande aventure du Kwassa-kwassa.
La traversée coute entre 100 et 300€ par personne. 4 à 5 heure de navigation, souvent de nuit, pour franchir les 70 km qui séparent Anjouan de Mayotte.

Hélas les passeurs profitent d'une demande abondante: les kwassa sont remplies au delà des limites de flottabilité et certains ne sont pas déposés là où ils le souhaiteraient...



Un ami anjouanais en situation régulière et séparé de sa femme anjouanaise a une fille de 9 ans qui souffre de graves problèmes pulmonaires. Après la traversée en kwassa, sa fille a été déposé par les passeurs sur un de ilots inhabité de Mayotte. Sans possibilité de rejoindre la cote.
Sans la présence d'un témoin et d'un appel à son père, la jeune fille serait encore dans la forêt humide de cet ilot...

Faut-il refuser de l'aider sous prétexte qu'elle est sans visa?
La transporter en bateau ou en voiture constitue-t-il une infraction ou un acte citoyen?

dimanche 25 octobre 2009

Grande Comore et ses fantômes.

Grande Comore est la plus jeune géologiquement mais la plus grande (60 km sur 25 km) et la plus haute des 4 îles des Comores. Constituée d'un volcan actif, le Karthala (alt:2335m) et de nombreuses coulées de lave, elle ressemble en plus petite à l'île de la Réunion.



Une coulée de lave (région de Oichili)


L'ascension du Karthala est une étape essentielle du séjour. On peut partir de différents villages, mais le plus proche, de Moroni la capitale, est Mvouni(alt:300m).
Le chemin non balisé nécessite un bon guide, qui peut fournir porteur et matériel pour le bivouac au sommet.



Vue partielle de la Caldeira


Nous avons fait la montée en 6 heures (pauses comprises) pour un dénivelé de 2000 m. En octobre, l'air encore frais est idéal pour randonner même si les nuits restent fraiches au sommet.



Bivouac au sommet du Karthala



La capitale Moroni est le centre administratif et économique de l'île. Elle concentre un port de pêche et de commerce, toutes les institutions et les marchés. On trouve plusieurs marchés (Petit marché ,Volo-Volo, marché Dubaï) qui fonctionnent toute la journée et dont les étals débordent de fruits, légumes, viandes et poissons...quel contraste avec Mayotte où l'on dispose que de marchands ambulants ou de marchés peu diversifiés !



Le marché Volo-volo



La Médina de Moroni permet de déambuler au milieu de boutiques de textiles et de rencontrer quelques artisans à l'ancienne (bijoutier, couturier, etc...). Les portes des maisons en bois travaillé font partie du charme.






Le port concentre 2 zones:
-l'ancien port ou Port aux boutres où finissent de pourrir quelques boutres en bois accompagnés par des épaves modernes et les barques des pêcheurs.


le Port aux boutres


-un port de commerce avec ses cargos de riz, sucre et matériaux divers flanqué d'un port à containers plus classique.






L'économie comorienne repose sur les taxes douanières au port et sur l'envoi de devises étrangères de la diaspora comorienne (70% du PIB). Tous les comoriens expatriés en France ou ailleurs font fonctionner le système de la solidarité sans laquelle la population locale serait dans une pauvreté insurmontable.

Les fonctionnaires gagnent en moyenne 150€/mois avec des retards de paiement qui peuvent dépasser plusieurs mois. Dans les quelques entreprises privées, les salaires versés régulièrement sont 3 ou 4 fois supérieurs. A l'étranger, le moindre salaire au smic permettra donc de faire vivre plusieurs personnes à Grande Comore.

Les émigrés comoriens sont appelés les "Je viens" car ils annoncent souvent leur passage; l'occasion d'apporter des valises de présents pour leurs proches. Mais en plus d'aider leurs familles restées sur place, ils financent la construction de mosquées et de leurs villas (pour les vacances) ou celle de leurs enfants (aux Comores, les parents doivent construire la maison de leurs filles)...





mais très rares sont ceux qui reviennent réellement. Il est surprenant de voir tous les villages de Grande Comore se remplir ainsi progressivement de dizaines d'immenses bâtisses peuplées de fantômes...



Enseigne d'une boutique à Moroni



Plus d'images en cliquant ICI



GRANDE COMORE OCT2009

jeudi 21 mai 2009

Mohéli, l'île Nature



Mohéli(Mwali), c'est d'abord la plus petite des 4 îles des Comores. La moins peuplée et donc celle dont on a le moins d'informations. Ca fait déjà une bonne raison d'y aller.
Ensuite Mohéli, c'est une conférence à Mamoudzou, en janvier 2009,où j'apprends qu'à Itsamia une association d'initiative locale protège les tortues depuis plusieurs années, avec un grand succès. Ainsi sur les plages d'Itsamia, les tortues viennent pondre par dizaines chaque nuit(parfois par centaines) or chaque femelle reviendra pondre sur la plage où elle est née...


L'éducation et la participation des habitants du village à cette démarche constitue une des raisons de la réussite à cette action de développement durable:

- protection des tortues qui ont là un site de ponte idéal, sans nuisances.



- maintien de l'activité de pêche ... eh oui! les bébés tortues qui naissent par milliers nourrissent aussi les très nombreux poissons du large !



- et puis développement d'un éco-tourisme, avec des guides formés par l'association et des " bungalows communautaires" gérés par les villageois.




Bien sûr tout n'est pas tout rose...récement Daan Ouni Msoili un des responsables de l'association a été très gravement agressé par des braconniers de tortues sur ces mêmes plages. La solidarité entre les îles (Comores, Mayotte, Réunion) et une hospitalisation en France ont été nécessaires pour lui apporter les soins neurologiques impossibles à Mohéli.

Mohéli c'est aussi un parc marin qui couvre presque toute la moitié sud de l'île.
Encore en devenir, ce parc avec ses espaces de réserves naturelles est à l'image de ceux qu'on connait en Europe (Cap Creus, Port-Cros).
Le potentiel est immense, à l'image de ces raies mantas que l'on croise facilement à marée montante.


dimanche 15 mars 2009

Calamar




Mardi, c'était "Maoulida".

Je suis pas spécialiste mais à part être un prénom de garçon assez fréquent, c'est aussi une fête religieuse musulmane qui commémore le jour de la naissance du prophète Muhammad (alias Mahomet)

Pour moi, cela restera ma 1ère pêche aux calamars !!
J'en avais entendu parler et on m'avait dit que c'était fort agréable...mais comme Saint Thomas (priez pour nous!) j'attendais avec hâte de le voir pour y croire.

Comment? Très simple ! Un kayak, une turlutte (non ! c'est un leurre, une sorte de crevette en plastique vaguement appétissante), une ligne en fil nylon et c'est parti!
Ah si ! il faut faire ça à la tombée de la nuit; c'est à dire mise à l'eau vers 17h30 et retour dans le noir ...

C'est génial! Les calamars mordent rapidement, pas besoin d'être un fin pêcheur. Il faut juste pagailler en bordure du tombant (bord du récif de corail à une dizaine de mètres de la plage) pour garder un léger mouvement.

A chaque sortie, il est possible de ramener de quoi faire un repas pour 2 ou plus si jour de chance; soit 2 à 3 calamars de taille moyenne (20-25 cm sans les tentacules)par personne. Et le calamar poellé à l'ail c'est pas mal !!

Tout ça en faisant une sortie en plein air, sous un ciel étoilé ( ah oui ici il n'y a pas de pollution, le ciel est scintillant la nuit)entouré par quelques tortues qui viennent respirer en surface de temps à autre dans le noir.... C'est sympa Maoulida !

lundi 16 février 2009

Départementalisation...



Le 29 mars 2009, la population de Mayotte va être consultée pour savoir si elle approuve la transformation de Mayotte en un département d'outremer(le 101 ème département français). C'est le référendum pour la départementalisation.

Mais qui constitue la population de Mayotte ??

Vers le 8eme siècle, des traces archéologiques(céramiques, perles de verre, etc) attestent d'une présence Bantoue; mais ce sont aussi certainement des peuples venus d'Indonésie(wak-wak) qui s'installent aux Comores et à Madagascar.

Au 9eme siècle, des marchands arabes (Chiraziens) et métissés avec des bantous fréquentent les 4 îles des Comores. Au 16eme siècle, plusieurs familles chiraziennes s'emparent des Comores. ["Faisons de l'histoire à Mayotte" chez Hatier]

Au 16eme, 18eme et 19eme siècles
, les Malgaches s'installent à Mayotte par vagues successives. En 1843, ils sont majoritaires dans la population. Le ki-bushi(shibushi) restera la langue maternelle de nombreux mahorais.

En 1841, constituant un excellent port en eau profonde pour la flotte, Mayotte devient une colonie française. La population ne s'y oppose pas, épuisée par des décennies de guerre civile entre les rois Malgaches et Comoriens qui administraient l'île jusque là.

En 1912
, c'est toutes les Comores qui deviennent une colonie française, rattachées au gouvernement de Madagascar.

En 1946, l'archipel est détaché de Madagascar et devient Territoire d'Outremer(TOM). La population dispose du suffrage universel, vote pour l'élection d'un député et d'un sénateur.

En 1973, Les 4 îles de l'archipel (Mayotte, Grande-Comore, Anjouan et Mohéli) s'engagent avec le gouvernement français sur la voie de l'indépendance dans " l'amitié et la coopération".
De nombreux mahorais considèrent que la décolonisation n'est pas une avancée mais place Mayotte sous une autre dépendance , celle de ses voisins Comoriens et Anjouanais beaucoup plus nombreux.

En 1974, 64 % des mahorais ( sur 18000 inscrits) rejettent l'indépendance au sein d'une unité Comorienne. Pour protéger cette minorité mahoraise, la France impose aux 4 iles de rédiger une constitution garantissant l'autonomie de chacune après l'indépendance.
En 1975, un gouvernement d'unité comorien refuse et prononce l'indépendance immédiate.
En 1976, un second vote réalisé uniquement à Mayotte permet à 99% des mahorais de confirmer leur volonté de rester français.

2009 : La population de Mayotte atteint pratiquement 200 000 habitants (55% des Mahorais ont moins de 18 ans) dont 60 000 clandestins au moins(Anjouanais et Comoriens).
Les 3 autres iles de Comores constituent parmi les pays les plus pauvres au monde.
Ainsi chaque année c'est plusieurs milliers d'individus qui tentent de survivre en traversant de nuit en kwassa-kwassa (petite barque motorisée) les quelques kilomètres les séparant de Mayotte...au risque de périr en mer.
En 2008 plus de 200 kwassa sont arrêtés et 16000 reconduites aux frontières.

Depuis 35 ans, le gouvernement des Comores unifiées ne cesse de réclamer la décolonisation de Mayotte et son retour au sein de l'archipel, à travers des négociations avec le gouvernement français et les instances internationales(communauté européenne, ONU, Org. de l'Union Africaine, etc...)

Or ici, objectivement, rares sont ceux qui militent pour ce retour au sein de l'unité comorienne.

...Alors que va voter la population de Mayotte??

jeudi 22 janvier 2009

Rainbow Nation




La nation arc-en-ciel de Nelson Mandela. Une utopie ou un rêve possible...presque 20 ans après la fin de l'Apartheid(la Séparation), Blancs et Noirs continuent de vivre les uns à coté des autres....comme les couleurs de l'arc-en-ciel, à coté mais séparés les uns des autres.

Tel quartier est Noir, l'autre est Blanc, telle est ville est Noire, une autre est Blanche; telle plage est Blanche un jour et Noir un autre jour... et toujours des murs, des kilomètres de murs, des barrières, des check-point, des barbelés partout, souvent électrifiés autour des habitations de Blancs(10 000 volt).

L'opulence et le luxe des quartiers Blancs face à la grisaille des townships, ceux que l'on voit(Soweto)et ceux qui sont cachés loin des villes, le long des autoroutes.

un petit township à la campagne



Les Zulus ont développé l'habitat circulaire, car grâce au toit pointu, les fumées du feu s'élèvent dans la maison et permettent de rester en communication avec l'esprit des Anciens.




Alors que les Blancs roulent en 4x4 pick-up disproportionnés, grillent du boeuf et des saucisses en excès et stockent l'eau dans des récipients anguleux...




Sinon pour les beaux paysages et les animaux sauvages: c'est ici